Papier kraft froissé, toiles variées de petits et grands formats, installations et sculptures : l’exposition Mue d’Alexandre Clanis doit être appréhendée dans son ensemble. L’artiste, architecte de formation, peint avec ses doigts, griffe, froisse et défroisse des papiers jusqu’à créer des sortes de peaux en mues aux motifs aléatoires et coordonnés. Les œuvres abordent une fascinante simplicité au premier abord, pour dévoiler des matières brutes torturées, cisaillées à l’approche. 

Pour les comprendre, il faut saisir la volonté de l’artiste qui préfère l’exécution au rendu final. Peindre est un langage, une immersion dans l’acte artistique que l’artiste vit comme une expérience. Il peint avec son énergie, sur le sol et sans intermédiaire matériel. C’est une façon pour lui de s’ancrer dans le présent, de ressentir son œuvre. Alexandre Clanis abandonne l’idée de beauté et la notion de but, se concentrant sur le processus. Chacune de ses créations résulte d’un moment précis, coupé du temps “Cette mise à nu est pour moi le moyen d’accéder à une énergie première », explique-t-il sur son site (juste ici).

Les grandes vitres de la galerie accueillent un soleil qui caresse les toiles, accroche la matière et fait ressortir les traces de l’artiste à leur surface. Une disposition idéale pour des œuvres aux nuances de beige et blanc accentuées par un jaune vif, un bleu criard par-ci, par-là. C’est là une exposition qui émerveille les yeux et interroge l’esprit. Mue est à découvrir et redécouvrir à la Galerie du Petit Atelier (6 place de Lerme, à Bordeaux) jusqu’au 8 avril 2022.