Vous pouvez dès à présent découvrir notre sélection d’artistes sur l’application !
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« Architecte de formation, j’ai travaillé dans plusieurs agences parisiennes (Architecture Studio, F. Soler…) avant de partir pour Rome en 1990, pour avoir avoir remporté le concours de la Villa Medicis. Puis je suis allé vivre à Berlin, toujours en tant qu’architecte. J’explorais depuis longtemps, en parallèle, d’autres disciplines (art, design, communication…) et ai initié la construction d’un atlas photographique qui n’a cessé d’être complété jusqu’à aujourd’hui. Actuellement je vis à Madrid après avoir travaillé trois ans à Bangkok en tant que directeur créatif. Outre les découpages frénétiques de coupures de presse qui remplissent mes cahiers et le suivi de ma production photographique, je prends également le temps de peindre – le plus souvent de grands diptyques – et je traite aussi peu à peu les séries photographiques accumulées au fil du temps (conservées dans des boîtes que je conçois spécialement à cet usage). Les boîtes s’accumulent… je vais en extraire le contenu pour faire des assemblages, sous forme de muraux photographiques de dimensions variables. Car le moment est venu de creuser véritablement dans le corpus, mes archives, les séries thématiques, mon atlas personnel. »
JC Vilain
Les éléments isolés sur les tableaux de « Solitude des Corp» se confrontent. Ce sont des rencontres, improbables, presque surréalistes. Ces figures choisies parmi les innombrables corps qui peuplent le monde sont reliées par le même espace dans lequel elles évoluent, l’atelier d’artiste, un laboratoire, lieu où l’artiste entrepose inlassablement sa collection, son bestiaire personnel accumulé au fil des ans au travers d’innombrables photographies. Une distance dans l’observation mais aussi dans la lecture des oeuvres est nécessaire. JC Vilain se méfie du signifiant, de nos volontés contemporaines de tout contextualiser, ou d’apposer arbitrairement des caractères et concepts actuels à tout ce qui se présente. En figurant une simple bouteille d’eau en plastique, il nous met presque au défi, de tenter d’appliquer nos prénotions à ce que son travail dépeint : « Analyse this ».
Dans la solitude des corps se côtoient un avion de chasse russe Sukhoi, « un bel oiseau de mauvaise augure », une bouteille d’eau en plastique, un banquier prenant l’eau ou encore des bactéries. C’est ici que débute le ballet effréné que le spectateur doit effectuer pour tenter de saisir l’oeuvre.
On serait tentés de voir dans la figuration d’un Sukhoi, un avion de chasse russe iconique, une provocation de l’artiste dans une actualité brûlante. Or c’est exactement de ce genre de conception dont il faut se défaire pour aborder l’objet. On a l’image d’un corps en lévitation, d’une machine esthétiquement et mécaniquement complexe, symbole d’une forme d’évasion et d’un certain triomphe (illusoire peut-être ?) de l’homme dans la conquête de prouesses techniques, qui se heurte au périmètre fini des murs d’un atelier d’artiste presque inquiétant. JC vilain se méfie des images arrogantes, gagnantes, il ramène les objets et les hommes à leur
condition. Un banquier, image de réussite sociale, se retrouvant désoeuvré à la suite de la grande crise de 2008.
Dans une position d’attaque de la réalité remplie de secrets, il décortique et dissèque à la manière d’un biologiste dans son laboratoire. Il y a une dimension très méthodique voire, scientifique dans son processus créatif. Il s’attaque à décortiquer la réalité, la fragmenter, faire saillir les moindres détails de la vie dans sa complexité affolante, sa fragilité et ses dangers. Ainsi l’imagerie scientifique, comme une image de bactérie, reflète un réseau de formes d’action qui nous composent en tant qu’humains, mais qui nous dépassent aussi. AR01BX14 « Bacteria » est une représentation élémentaire du foisonnement vital, essentiel, une beauté qui met l’oeil au défi, car invisible sans la technologie d’imagerie scientifique.
C’est une espèce de danse perpétuelle qui attend la personne abordant les oeuvres de JC Vilain. Prendre de la distance sur les oeuvres, conçues comme des séries, et non comme des éléments autonomes, sur nos biais et sur notre époque empreinte d‘instantanéité, tout comme se plonger dans le détail des compositions sont ici nécessaires. L’artiste nous plonge dans une gymnastique visuelle, le regard doit constamment s’adapter, changer de focale. Son travail peut intimider : il dévoile la complexité, la fragilité, le désordre qui règne autour de nous. Nous sommes mis face aux dangers qui nous entourent, ces phénomènes qui nous dépassent et sur lesquelles nous n’avons aucune prise. Danser sous un ciel étoilé… danser avec les loups… feindre d’organiser ou de braver le risque, le chaos. Un art ancré, connecté à la terre, face à l’effervescence et à l’obsolescence des choses. JC Vilain peint des grands formats, sur du bois avec des peintures industrielles. Ses oeuvres sont des points d’ancrage terrestre, sorte de résistances à la volatilité qui caractérise notre époque, il ne faut pas avoir peur du poids, du manuscrit, de l’existence.
On y trouve également des motifs, traversant les tableaux, comme l’eau, encore une fois avec un jeu des espaces, enfermée dans une bouteille en plastique dans « solitude des corps » ou bien dans des vues de l’océan infini, dans les « diptyques synoptiques » cet élément fascine l’artiste et renvoie à son caractère essentiel. Il s’attache à figurer avec exigence, de manière brute, mais sans tomber dans l’hyperréalisme, nos réalités. Cependant, on s’y tromperait à accorder une lecture trop littérale de ces corps représentés. La dimension conceptuelle et la méthode rigoureuse attachées à l’élaboration des peintures sont aussi importantes voire plus importantes que les figures représentées. Collectionneur d’images, son « atlas personnel » est un inventaire de ses voyages, d’images sur la condition humaine et l’état du monde. L’artiste pose un regard presque neutre sur ces corps qu’il représente, il ne sont pas magnifiés ou sublimés, il n’est pas à la recherche du beau.
Sa démarche est extrêmement analytique, il s’attache à décortiquer et presque dépouiller les sujets de leurs substance pour ensuite les reconstruire en laissant visible ce processus de démontage du réel.
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